vendredi 20 mai 2011

2e salon du livre indépendant de MLV


Retrouvez le programme complet et actualisé sur : http://salon-livre-mlv.blogspot.com/

samedi 6 juin 2009

Barricata # 19 est dispo !


Juin 2009, 84 pages.
Au sommaire :
- Dossier La guerre en cours- Casey- La Fabrique, dix ans d’édition critique- Le point d’impact des colères
- Occupations et séquestrations- USTKE- MAP- Guerre étrange dans les villes riches- Vive les enfants de Cayenne !- Céline, Dieudonné, Faurisson, les maux pour rire- Week-end antifa à Paris- Graffeurs antifascistes à Bochum- Carnets de route en Russie- Loran et les Ramoneurs de menhirs.- On tour avec Cartouche- Thierry Guitard et Miriana Mislov, encrés dans la rage.- Dossier Euskal Herria- Prisonniers basques- Soziedad Alkoholika- Berri Txarrak- Souvenirs d’un pionerito- Nouvelles d’ici et d’ailleurs- Lectures- Zines et revues- Disques
- et également un article réalisé par le collectif RLF-MLV sur le délitement du Front national

POUR LE RECEVOIR PAR COURRIER :
envoyer (en chèque à l'ordre de Barricata ou en timbres) :
- 1 numéro : 4 euros port compris,
- Abonnement d'un an (3 numéros) : 10 euros port compris


contact BARRICATA
21 ter, rue Voltaire
75011 Paris
France

E-mail : barricata@barricata.org
Site Web : http://www.barricata.org

Présentation du fanzine Barricata
Le fanzine Barricata existe depuis 1999. Longtemps à parution épisodique, il est désormais trimestriel. Il est diffusé à hauteur de 2000/2200 exemplaires dans les lieux militants, en librairies, chez des disquaires, lors de concerts ou de manifestations ainsi que par correspondance.
Il est animé par une poignée de militants libertaires et d’activistes musicaux issus des mouvances RASH (Red & Anarchist Skin Heads, section Paris-banlieue) et anarchopunk. Viscéralement opposés à l’enfermement d’État, au système capitaliste, à toutes les formes de
fascisme, investis dans les combats de notre temps, convaincus qu’un autre futur est possible, nous ouvrons nos colonnes aux dissidents culturels, politiques et anarcho-syndicalistes.

jeudi 19 mars 2009

BARRICATA # 18 vient de sortir!


Au sommaire
Dossier : l’État sécuritaire déraille
-Madj se raconte -Les nouveaux antisémites - Du rififi dans la gauche allemande - Jeune Seigneur - Billy Bragg - Révoltes en Grèce - Un dentiste chez les zapatistes - Henry Rollins - Chéri-Bibi se déshabille - Patrick Pécherot, un écrivain populaire - What We Feel - Dossier : Israël à contre-chœur - Nouvelles d’ici et d’ailleurs - Youngang vs S-Contro - Chroniques de livres - Chroniques de revues et fanzines - Chroniques de disques

disponible sur notre table de presse, chez tous les bons libraires et par correspondance :
BARRICATA / RASH Paris-Banlieue
c/o CRASH Disques
21 ter, rue Voltaire
75011 Paris (France en feu)

rlf-mlv style !

graph rlf mlv

BD: LUCIEN, TOUJOURS LA BANANE Franck Margerin.


Plusieurs années après le dernier opus; Lucien revient. Sauf que, plutôt que de verser dans le revival rock actuel en continuant à bloquer sa petite bande dans les années 80. (Ha, Malakoff, ses punk, ses teddys, ses skins, ses bikers) Margerin a eut l'intelligence de faire vieillir Lucien. A la fin des années 2000, Lucien à cinquante berges, vend des grattes, a une femmes internet-addict, un fils victimisé, une belle fille ado qui change de look toute les semaines.

Sans dévoiler le scénar, il est un chouïa moins enlevé que les précédents. Tout comme Ricky chez les ricains ,il s'agit d'une histoire continue et non pas des petits épisodes/sketch qui ont fait une partie du succès de la série. Margerin prend plaisir (et il est partagé) à planter le décor et à réunir la petite bande, dont chaque membre a beaucoup évolué depuis Malakoff, 1988.

Cet épisode sent bon l'installation des personnages dans leur nouvel environnement et appelle une suite, qui laissera sans doute plus de liberté à Margerin.
Un vrai second souffle pour une série, qui, si elle avait continué à paraître sous sa forme originelle aurait perdu de son authenticité.

Cinéma HUNGER De Steve Mac Queen

Hunger se présente comme un film choc sur les grèves de l'hygiène et de la faim des prisonniers de l'IRA dans les geôles britanniques. Ne connaissant pas grand chose au sujet, mais ayant apprécié le film ''Bloody Sunday'', qui arrivait, dans sa description du traitement d'une manifestation tendue par des militaires, à rendre son sujet universel; j'espérais en apprendre plus sur cette campagne...
En deux heures de film, les moments les plus instructifs ont été les trois derniers bandeaux annonçant le générique et disant, en gros, que dix militants de l'IRA étaient morts pendant la grève... OK, cool merci, heureusement que j'ai attendu tout ce très très long film pour l'apprendre. De façon incroyable, les descriptions du film dans les journaux et sur les dépliants du cinéma ont plus de contenu que le film lui même.
Apparemment, le réalisateur, Steve Mc Queen est un plasticien. Il réussit le tour de force de justifier tous les préjugés sur les artistes prétentieux et intellectualisant, cherchant à tout esthétiser sans considération pour le public (donc moi, bâtard) qui ne pourrait pas comprendre les codes et les références utilisés.
Le film, pardon Mr Mc Queen, l'oeuuuuuuuuvre n'est qu'une longue succession de plans qui se la pètent sans aucune trame narrative. Des personnages apparaissent et disparaissent sans aucun apport avec l'histoire et chaque séquence semble dire: « t'as vu ce que moi, Steve Mc Queen, suis capable de faire avec une caméra, c'est classieux, non? ». Bah non, c'est pas classieux, c'est chiant à en bouffer son accoudoir en velours rouge: et que je te fais deux minutes de gros plan sur le maton qui se lave les mains, et que je te fais un plan séquence montrant un autre maton nettoyer un couloir de la taule. Pendant cinq minutes chrono, un type verse de l'eau de javel sur le sol, et passe la raclette. Sans commentaires annexes, rien. QUI peut se permettre, sur un sujet vaste, et méconnu de la plupart des spectateurs, de perdre 5 minutes comme ça? Si encore le reste du film rattrapait le coup...
Bon, pour ce qui est de la profondeur émotionnelle annoncée, on voit, en vrac, que:
-refuser les uniformes et donc rester à poil dans une prison, c'est pas évident.
-la grève de l'hygiène et ses murs couverts de merde, ça pue et ça rend sale
-un CRS tabassant des prisonniers, ça peut aussi avoir des émotions (le coup éculé du petit jeune qui se cache de ses collègues à moustaches pour pleurer
-Qu'un maton, bien que rude à la tache, peut aussi aimer sa maman et aller à la maison de retraite avec des fleurs et de la dignité.
Pendant une bonne heure on attend désespérément que ça commence et plusieurs faux départs nous font croire, enfin, au début du film. Un maton est assassiné: peut être saurons nous si c'était systématique, comment c'était organisé, les conséquences pour les prisonniers; pour les matons, sur les médias, etc. Et ben non, rebelote sur les longs plans de poseur.
La deuxième partie du film, la grève en elle même, est annoncée par un dialogue fleuve entre un prêtre et Bobby Sands. Dorénavant on suivra ce dernier à la place des deux prisonniers de la première partie, qu'on ne reverra plus. Déstabilisant et inutile.
Bref la césure est un nouveau plan séquence de dix minutes entre le prêtre et Bobby Sands. Un dialogue ping-pong auquel on ne comprend pas grand chose, du moins pendant les premières minutes. A dire vrai, ma copine et moi -je crois pas être plus con qu'un autre- croyions qu'il s'agissait d'un code secret entre membres de l'IRA pour transmettre des infos. En fait, non, ils parlaient bien de la pluie, du beau temps et de l'oncle Herbert qui habite à la campagne. S'en suit une parabole épuisante qui montre comment Bobby est devenu un leader, en achevant un poulain blessé pendant une compétition de cross-country. Cette même parabole dans un film de Chuck, de Steeve ou de Jean-Claude, aurait été ridicule, ici non, parce que c'est de l'art.
La fin du film (encore une bonne demi heure) qui a fait se chier dessus de joie les spectateurs bobo avec télérama sous le coude, est la grève de la faim vécue par Sands. Elle est à la fois ridicule et obscène.
Obscène par ce que le réalisateur cherche à nous apprendre que la grève de la faim c'est dur, et ça fait mal, et même des fois, on peut mourir, ce que le spectateur bobo avec télérama sous le coude n'a pas l'air de savoir. Et ce à tout prix. Aucun ulcère, aucun dégueulis sanglant, n'est épargné. Y compris un plan sur l'anus de Bobby Sands. Quand Mel Gibson fait ça avec Jésus c'est ridicule. Ici, non, parce que c'est de l'art, avec des références christiques. Sans déconner, quand un personnage de film à la diarrhée je préfère que ce soit dit, sous-entendu, mais j'ai pas besoin du plan de la merde qui coule dans les chiottes. Steve Mc Queen confond crudité du propos et des images. Qui ne servent à rien, et ne sont pas choquantes, mais juste obscènes. Le pauvre Bobby Sands, doit se retourner dans sa tombe: un plasticien s'est servi de sa mort et de celle de ses camarades pour se faire mousser à travers de l'aaaaart.
Ridicule parce qu'aucun plan éculé depuis les années trente ne nous est épargné. La maman qui regarde avec dignité son fils souffrir, les incrustations de corbeaux qui s'envolent tandis que la caméra '''vole'' autour du corps supplicié, l'amaigrissement de l'acteur (que fait la LDH?). Quand Tom Hanks fait ça dans Philadelphia, c'est ridicule, là non, parce que c'est de l'aaaaaaaaaaaart.
Allez, je ''dévoile'' la fin. Il meurt (sans dec?). Mais il meurt dans un flash back sur une compétition de cross-country, ado. Il avance. S'arrête. Se retourne. Attend. Repart. Plan sur son corps dans le coma... Il est mort.
ARH ARH ARH ARH. Quel déconneur ce Steve Mc Queen. Nous ressortir ce truc dont un élève en première année de cinéma à Villetaneuse ne voudrait pas!

Allez Steve, on te pardonne pour tes films de cow-boy.

Thomas -chuis vénère d'avoir payé 10 € pour voir ça- Vogt

1 Sauf pour le spectateur bobo avec télérama sous le coude. A la fin de la séance, à Odéon ,on a pu admirer quelques tronches de frangipane les yeux mouillés, la bouche entrouverte.

Cinéma JUNO un film d'un quelconque tâcheron

Film assez incroyable qui croit raconter le quotidien d'une future fille-mère dans une petite ville des USA.
Juno est mimi, a des parents légèrement barrés, un copain ringard mais gentil, la vie est pas cool, parce qu'elle est pas aussi neuneu que les filles de son âge.
Elle tombe enceinte eeeeeeeeeeeeeet...
Et rien. Ça ne fait rien, ça ne change rien. Ni avec sa famille, ni avec son école, ni avec ses camarades. Elle cherche (et trouve en deux heures et trois petites annonces) un couple à qui refourguer son bébé. S'en suit un mollasson chassé-croisé amoureux entre Juno, son copain lunetteux et le futur père adoptif, post ado rebelle à guitare.

On apprend durant ce film que les femmes ont la maternité dans le sang (Juno, sa belle-mère, la mère adoptive) et que l'avortement, à quoi ça pourrait servir. Le film a donc un léger relan réac qui le plombe. Surtout si on connait un peu le vrai problème des filles mères et toutes les galères liées.
En témoigne la scène où Juno passe son échographie. La gynéco se permet de lui demander à elle et à sa belle-mère ce qu'il adviendra du gamin. Après lui avoir répondu qu'une famille adoptive l'attendait, et la gynéco d'ajouter que c'était le meilleur choix, la belle-mère réplique que leur foyer ne manque pas d'amour et que Juno pourrait très bien le garder. Et toc, dans les dents la gynéco! Et Juno et sa belle-doche de se rapprocher en finissant dans un fou rire : « ah bah elle est bonne celle-là ».Juno est une exception; mais quel film parle de la règle?

Le tout est emballé dans une réalisation pétillante et une image acidulée. Des répliques intelligentes fusent (souvent de la part de Juno, décidément, peu de scénaristes ont déjà été une ado de 16 ans). On peut passer un bon moment. Perso mes dents ont grincé dès la deuxième image et ont failli tomber quand Juno fait un plan à la Amélie Poulain pour reconquérir son geek de mec.
Bref c'est loin d'être le film génial que tout le monde a encensé. Et une part de cette chronique est due à une certaine désillusion.

PS: La musique: des standard folk-rock repris à la sauce Vaselines m'a bien plu, en tant que fan des Vaselines. Sauf qu'ils ne sont pas vraiment cités, alors qu'il y a des références directes à Nirvana, dont les Vaselines étaient une des influences et des première partie.

Thomas Vogt.

dimanche 4 janvier 2009

LIVRE : La Zone du Dehors, Alain Damasio

La Zone du Dehors, Alain Damasio, réédition La Volte

La Zone du Dehors est un roman d’anticipation politique qui interroge et met à nu les mécanismes de contrôle social. Publié en 1999 puis réédité 8 ans plus tard par les éditions la Volte, ce bouquin s’inscrit pleinement dans une lignée orwellienne. Dans un futur relativement proche, l’Humanité s’exporte dans le système solaire et fonde des colonies. Fuyant les guerres qui ravagent la Terre, ces colonies se présentent comme des nouveaux havres de paix où la criminalité et la violence auraient disparu. Véritable modèle de paix sociale, Cerclon, une métropole bâtit sur un satellite de Saturne ne va pas tarder à devenir le théâtre d’un soulèvement remettant en cause le pacte social. Une poignée d’insurgés refusent de brader la liberté au nom de la sécurité et de vivre dans une prison à ciel ouvert. La Volte organisation prônant la construction de nouveaux rapports sociaux entre en résistance. Les voletés dénoncent une société aseptisée où le Clastre dicte à chaque individu son rang dans l’échelle sociale et où le contrôle et la délation de tous par tous se sont substitués à la police. Par l’usage de l’action directe, la volte multiplie les coups d’éclats et accroit son audience. Le style rythmé et enlevé nous plonge au cœur d'un combat qui a pour nom LIBERTE !

http://www.lavolte.net/lazonedudehors/
http://www.lavolte.net/

mercredi 31 décembre 2008

LIVRE : Paul des Épinettes, Jean Marc Rouillan

Paul des Épinettes, JM Rouillan, L’insomniaque et Agnès Vienot éditions

Paul est un bandit comme on en fait plus, de ceux qui peuplent les polars des années soixante, un bandit d’honneur qui ne se veut pas « voleur d’autres gens que les riches et l’institution ».
Témoins de la descente aux enfers de cet abonné de la taule, braqueur multirécidiviste, ses co-détenus racontent comment Paul a « chopé la myxomatose », la maladie du mitard. Ils disent son entrée dans la dépression et la folie, reconstituent la trame des dernières années de sa vie à l’extérieur. Le récit poursuit une trame qui bouleverse les règles chronologiques pour aboutir à un dénouement inattendu. Rétablissant une forme de suspense a priori prohibé par le cadre confiné du récit, il laisse à voir une fin tragique et sanglante.

Paul des Épinettes est un pavé hors-les-murs pour dire les maux de l’univers carcéral. Jann-Marc Rouillan, membre d’Action Directe, emprisonné depuis 1987, crie sa révolte intacte au fil de ce récit polymorphe. Peut-être n’est-il pas écrit pour être lu tant il semble parfois volontairement dérangeant. Âmes sensibles s’abstenir ! Le style violent et provocateur démonte les codes littéraires à défaut d’éclater les murs de la prison. Il est pourtant empreint d’une réelle recherche sur le travail d’écriture, découvre une poésie désenchantée forte de l’expression d’un témoignage rageur. Le texte est émaillé de citations qui viennent à propos souligner ou transcender le cours du récit. Paul des Épinettes n’est pas seulement l’histoire individuelle du parcours d’un détenu, le texte est le support de l’expression d’une réflexion globale sur le système pénitentiaire. Ce livre ne s’inscrit pas exclusivement dans la veine romantique du récit des exploits de ces détenus qu’on ne voit plus, des bandits d’honneur, mais rappelle la réalité douloureuse de ceux qui font le choix de défier l’ordre établi. Le style captive et joue parfois avec beaucoup d’intelligence et de sensibilité avec la langue. Quelques très belles lignes trahissent aussi une écriture qui interroge la littérature et le statut de l’écrivain, comme un défi.

FILM : "this is england" de Shane Meadows


Pour son nouveau film, Shane Meadows nous plonge au cœur de l’Angleterre du début des années 1980. Une Angleterre aux antipodes de culture club ou Duran Duran, une Angleterre saignée à blanc par les politiques antisociales et va t-en guerre de « Maggie ».

Ce jeune réalisateur, que l’on compare déjà à Ken Loach ou Mike Leigh nous peint une fresque sociale sans fioriture. Du pur cinéma britannique comme on l’aime : à fleur de peau et à l’Etat brut!

This is England, c’est l’histoire de Shaun un gamin de 12 ans avec une putain de gueule d’anglais qui entre dans la bande de skinheads du coin et découvre la vie sur fond de musique jamaïcaine la boule à zéro. Premières embrouilles, premières conneries, premières défonces, premier amour, l’histoire du jeune Shaun, c’est un peu l’histoire de toute une génération de skinheads, de toute une contre culture née de la rencontre des jeunes prolos anglais avec les immigrés des Caraïbes confrontés à la montée en puissance du racisme.

Avec ce film, Shane Meadows nous livre une oeuvre quasi autobiographique. Ancien skinhead, le réalisateur retrace le basculement d’une partie du mouvement vers le nationalisme et la haine des immigrés.

Sans aucun doute, le meilleur film sur les skinheads, fidèle à l’histoire de ce mouvement, Shane Meadows ne tombe pas dans le piège de la caricature et du cliché, au contraire il nous montre comment à la croisée d’une rencontre dans un contexte social sinistré des gamins ont pu s’embarquer dans les rangs de l’extrême droite.

La veritable histoire des skinheads


Loin des clichés, tous les skinheads ne sont pas racistes ou adorateurs d’Adolphe Hitler. Seule une partie du mouvement à basculé du coté de l’extrême droite. Pour comprendre l’apparition du mouvement skinhead, il faut connaître l’histoire des contre cultures britanniques de l’après guerre. Petit retour en arrière...

Les origines

La société de consommation, dont la jeunesse est le pilier, vit au rythme de l’explosion de la Pop. Les parents sont dépassés, les valeurs bourgeoises en prennent un coup et toute la jeunesse des sixties est concernée, enfants d’ouvriers compris. En parallèle de l’explosion Pop, de l’apparition des radios libres (la mythique Radio Caroline), une opposition se crée entre les enfants du rock and roll : il s’agit des Rockers, et des Mods. Cette opposition trouve une traduction dans les spectaculaires bagarres sur les plages de Brighton, ou les jeunes se retrouvent le week end (à ce sujet, voir le film Quadrophenia). Le Rocker suit le modèle Marlon Brando, façon équipée sauvage. Motard en perfecto, il choque les vieilles dames et la bourgeoisie anglaise. Il s’identifie au modèle américain.

Le groupe phare de leurs rivaux, les célèbres Who, représentent de façon fidèle ce que sont les Mods anglais : des jeunes gens propres sur eux (ils s’habillent comme les bourgeois, ce qui choque, venant de fils d’ouvriers…), qui produisent une musique qui peut s’avérer explosive (les Who ont inspiré musicalement les premiers punks). Les mods sont les précurseurs de toute une symbolique devenue légendaire, du scooter Vespa au polo Fred Perry. Ils sont fous de pop et sortent tous les soirs de la semaine (rythme tenu grâce aux amphétamines), parfaits représentants de cette jeunesse consommatrice, cible des publicitaires. Enfin, une frange se prend de passion pour la soul américaine et la littérature française, contrastant avec le goût immodéré pour l’Union Jack, repris sur tous leurs accessoires.

Durant les années 60, il existe également d’autres tribus rock, comme les Teddy Boys. Ceux-ci se trouvent à mi-chemin entre les deux modèles décrits ci-dessus.

Les mods traînent une image assez paradoxale, entre pop et violence. Il existe des ponts entre la violence des mods et les débordements constatés (déjà) dans les stades de foot anglais. Cibles des tabloïds, traînant une réputation de mauvais garçons, parfois violents, parfois drogués, mais en même temps si dociles face à cette spirale de la consommation, ils sont très sages politiquement, loin de l’agitation de 1968. C’est durant cette période que d’autres influences apparaissent. C’est le summer of love, le phénomène hippie franchit l’océan et il va séduire de nombreux mods : Le Swinging London est la nouvelle tendance. Le mouvement psychédélique embarque avec lui un nombre important de mods, plutôt bourgeois et opposés à la violence. Et les autres ? Ils se radicalisent et prennent leurs distance avec les hippies : ce sont les hard mods. Ce sont en partie ces jeunes la qui créeront le mouvement skinhead dès la fin des années 60.

Le mouvement Skinhead.

Contrairement aux autres contre-cultures, et en opposition aux « babacools », c’est un mouvement qui concerne les enfants d’ouvriers. Il naît au contact des jeunes immigrés jamaïcains qu’ils côtoient dans les mêmes quartiers. Ces quartiers vivent aux sons venus de Kingston : du Ska principalement (musique précédant le reggae, plus rapide et parfois proche de la Soul américaine) mais aussi du Rocksteady. Les jeunes Skins s’inspirent des jeunes Rude Boys jamaïcains, empruntent le look Gangster des Wailers. Ils créent un rapport à la rue et revendiquent leurs racines ouvrières. Passionnés de football et de musique, ils cherchent perpétuellement à choquer.

Les cheveux sont ras, opposés à ceux des hippies (l’anecdote raconte qu’ils n’offrent pas de prise à l’adversaire en cas de bagarre). Les codes vestimentaires sont fondamentaux : les fameuses Doc Martens, le jean Levi’s, la veste Harrington (veste légère noire, avec des motifs tartans à l’intérieur), les polos et chemises Ben Sherman, ainsi que d’autres accessoires paramilitaires.

C’est également le début de la politisation de ces mouvements de jeunes. Dans le contexte bouillonnant de 1968, des ponts se créent entre certains hippies et révolutionnaires d’extrême gauche. Le mouvement Skinhead est radical mais loin d’être ancré à l’extrême droite. Les textes des groupes Skinheads de l’époque sont parfois ambigus, mais il n’existe pas de trace de racisme, de percée fasciste ou néo nazie dans le mouvement.

En plus du Ska, et d’un reggae exclusivement produit pour les Skins anglais, le Skinhead reggae, une nouvelle musique apparaît, tendance dure du rock de l’époque, la Oi. Les groupes phares sont les Sham 69 ou encore les Cockney Rejects. Cette musique devient un outil de communication pour les skins : il évoque le désarroi de la classe ouvrière, la dureté du quotidien, ou encore la critique de la bourgeoisie. Certains morceaux deviennent des hymnes pour les matchs de foot… et plutôt pour les hooligans.

Bien avant les punks, les skinheads rejettent le conformisme et font de la provocation une de leur principale valeur. Le mouvement joue sur la fierté d’appartenir à une classe, celle des ouvriers, mais aussi sur le positionnement en marge de la société, loin des codes et des normes établies. Les skinheads deviennent à leur tour les cibles de la presse à scandale. Bagarres, faits divers, hooliganisme ; les Skinheads sont à l’origine de tous les problèmes pour les journalistes. Niveau drogues, les Skins restent fidèles, comme les mods auparavant, aux amphétamines (le LSD étant une drogue de « hippie »). Au tout début des années 70, le mouvement s’essouffle ; les faits divers, mais surtout la fin d’un cycle, comme tout effet de mode, lui porte un coup presque fatal.

Il faut attendre l’explosion du mouvement punk, en 1977, pour que les Skins réapparaissent. Des ponts existent entre les « tondus » et les punks britanniques. La Oi connaît une nouvelle vague d’artistes, comme The Oppressed, ou The Business. C’est également la période du revival Ska, avec les immenses succès de Madness et des Specials. C’est à ce moment qu’intervient la récupération politique du mouvement et sa dérive vers l’extrême droite. Mouvement métissé, antiraciste par nature, il dévie rapidement, continuellement dans la surenchère et la recherche de provocation. Le groupe Skrewdriver, et son chanteur Ian Stuart, ouvre la voie néonazie et fait des émules. Le mouvement Skinhead, est, pour de bon, entaché par sa mauvaise réputation.

Montrés du doigt par le grand public et les journalistes, les skinheads suivant le modèle originel (Trojan Skins) se défendent, les Sharp (SkinHeads Against Racial Prejudice) s’organisent et enfin les Redskins (Skinheads Communistes et/ou anarchistes) apparaissent, en conflit ouvert avec les skinheads nazis.